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Françoise Bar Filoche est née en 1943 en France, et vit à Paris.

Depuis fort longtemps elle s'intéresse aux disciplines orientales : bouddhisme et yoga.

Elle a été formée à la calligraphie japonaise par le Maître Yuuko Suzuki.

Puis à la peinture Nihonga par le Maître Yiching Chen, au musée Guimet et en atelier.

Cette peinture japonaise traditionnelle utilise des pigments naturels préparés par l'artiste lui même, des feuilles de métal, de la colle animale, et le bunko shi, papier japonais qui est ensuite marouflé sur un panneau de bois.

Françoise Bar Filoche a exposé en novembre 2013 à la galeris Artes à Paris, et prépare de nouvelles expositions à Paris et au Touquet.

 

 

 

Le Nihonga

Cette peinture née en Chine au VIII ème siècle a touché le Japon en suivant le Bouddhisme et la Route de la soie au XVII ème siècle. Le Nihonga reste au XXI ème siècle une peinture traditionnelle dont la renommée s'est internationalisée entre art traditionnel nippon millénaire et abstraction occidentale. Mais derrière cet art millénaire, la modernité et son souci de la multiplication pointe son nez en apportant à cette tradition quelques "nouveautés": les pigments céramiques faits de cristal artificiel et colorés avec des composants métalliques mélangés à haute température ainsi que les résines acryliques en lieu et place de son medium, le Nikawa!

Le Nihonga est comme l'aquarelle et la fresque...

Le Nihonga est une peinture à l'eau comme l'aquarelle et utilise les mêmes pigments naturels comme la fresque. Pour cela elle fait appel à la nature que ce soit pour l'eau, le bois, le papier, la roche, le sable, les os et peaux d'animaux, d'oiseaux, de poissons et enfin les coquillages qui broyés donneront le Gofun. Toutes les couleurs viennent de pigments naturels, d'oxydes de métaux, de terre broyée. Il en va ainsi pour le bleu de l'azurite du carbonate de cuivre, le bleu du lapis lazuli des silicates, la turquoise du cuivre et/ou de l'aluminium, le vert de la malachite, le rouge et le vermillon du cinabre de mercure, le rose de la tourmaline et du granit. Les pigments naturels à base de terre comme l'ocre jaune, l'ocre rouge, l'argile blanche du kaolin, le noir du charbon obtenu après combustion du bois de pin. A cela s'ajoutent les pigments végétaux: l'ocre, l'indigo, le safran du crocus. Les pigments animaux comme le carmin de la cochenille et le blanc des coquillages concassés. Il y a aussi les feuilles de métal d'or, d'argent, de platine et de cuivre dont l'épaisseur nous laisse rêveurs:0,1 micromètre! Sans oublier l'encre noire fabriquée avec le charbon obtenu par la combustion du bois de pin et de sa résine et les pinceaux aves poils d'animaux et de cheval.

Le papier est son support le plus utilisé...

Pour le Nihonga, le papier est composé de fibres longues et résistantes pour faciliter l'adhésion des couleurs des pigments minéraux dont le grain joue un rôle important. Après broyage, la "lévigation" permet de laver la poudre obtenue et de la filtrer pour ne garder que les particules les plus fines. Celles-ci, de 0,1 à 0,001 millimètres, sont fixées sur le papier et vont permettre à la lumière d'y entrer en vibration et de générer une luminosité plus intense. Plus les particules sont fines, plus la couleur nous parait claire. Ce papier ou Washi est fait main à partir de l'écorce du murier.

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La qualité du papier dépend de la transformation de la pulpe de la fibre. Elle augmente avec l'ajout de fibres de Ganpi pour obtenir un aspect lustré. Le papier est fixé par marouflage avec une colle de peau sur une toile, sur un panneau de bois ou tendu et collé sur un cadre de bois. La soie ou Eginu est aussi utilisée après modification de sa texture pour la rigidifier. Elle permet en peignant ses deux faces d'obtenir une "coloration inversée" surprenante sous l'effet de la lumière. Quant au bois et au lin, ils sont plus rarement employés.

Son médium...le Nikawa

La gélatine était déjà utilisée pour fixer la couleur des peintures sur les fresques égyptiennes. Le Nihonga utilise une colle ou gélatine, le Nikawa, faite à partir de la peau et des os d'animaux mais aussi des poissons. Séchée, elle se présente en bottes de "trois mille morceaux" comme les bâtonnets de réglisse du passé mais dans une couleur ocre foncé qui n'incite pas à les sucer! Il va falloir les fragmenter, les faire tremper et les réchauffer sans les faire bouillir puis les mixer avec les pigments. Cette colle, dans laquelle les pigments ont été broyés, est d'un usage subtil. Trop forte, les pigments deviennent ternes, trop faible ils adhèrent mal au support.

Son tout... un Art de Tradition

Pour Françoise Bar-Filoche, la calligraphie est la trace sur le papier d'un cheminement vers le nirvâna, le samsara du Bouddha de la forêt. Toutes ses œuvres, peintes dans son atelier Bonsaï du Touquet, sont réalisées dans le plus pur respect de la tradition orientaliste et de la philosophie bouddhiste. Puits d'hiver nous entraine dans l'univers imaginaire de l'Haiku, poème japonais très court nous parlant de l'évanescence des choses et des saisons au rythme de cinq, sept, cinq syllabes. À l'image de celui intitulé Âmes errantes-Hommage à François Cheng, le poète, le philosophe et l'écrivain chinois francophone dont les derniers opus Cinq méditations sur la beauté et Cinq méditations sur la mort sont des chefs d'œuvre. Pour Françoise Bar-Filoche, toutes ses œuvres sont à travers le paysage, des reflets de la nature. Ces paysages sont des espaces ouverts que nous "regardons" sans nous contenter de les "voir". Tout cela lui permet de poser l'universelle question philosophique du Beau. Le rouge des volcans, les verts de la forêt, le jaune des fleurs, le noir de l'obscurité complète des abysses. De ce noir abyssal est paradoxalement né récemment le bleu Tcherenkov! Les nouveaux télescopes à neutrinos interférent peu avec la matière. Rien n'arrête la trajectoire en ligne droite de ces neutrinos. Quand un de ceux-ci percute un atome de matière, il se transforme en muon laissant dans son sillage un cône lumineux "bleu Tcherenkov". Mais pour cela il lui faut un milieu transparent plongé dans l'obscurité totale que l'on appelle depuis la nuit des temps les abysses et que l'on retrouve dans Abysses! Le bleu du ciel n'est donc plus le seul bleu. Mais la perception de ce bleu du ciel reste identique, du Japon millénaire à celle, ramassée en un seul vers, d' Hölderlin: Denn an der Augen Schule Blau, Le bleu du ciel est l'école des yeux. Pour ce poète allemand du XIX ème siècle, le bleu du ciel nous apprend à voir, à regarder tout ce qui se montre à partir de soi-même et qui demande à être vu. Cette peinture Nihonga est comme toutes les peintures quelles qu'en soient l'époque et la culture. Elle se regarde selon "l'ordre" et selon "le mode". "L'ordre" avec tous ses détails visibles sur le papier marouflé. "Le mode" avec la disposition et l'organisation sur le papier de ses lignes, volumes et scansions des tons chauds et froids, des rouges et des jaunes. De ce mode pictural à la musique il n'y qu'une portée!

La peinture japonaise et la musique

Dans Bird People, le récent film de Pascale Ferran, il y a une scène d'un onirisme magique. Un jeune peintre japonais dans sa chambre d'hôtel dessine avec des feutres de couleur un oiseau posé sur le rebord de sa fenêtre. L'oiseau vole alors vers le dessin et se regarde. Dans cette scène et dans les paysages peints par Françoise Bar-Filoche, tout est dit. La corrélation de l'immobile et du mouvant, de ce qui a une forme et de ce qui est sans forme, de ce qu'on regarde et de ce que l'on entend. Du paysage à la musique il n'y a qu'un pas, encore que celle qui me vient à l'esprit soit japonaise mais pas totalement japonaise puisqu'il s'agit de Curlew River, La rivière aux courlis, l'opéra de Benjamin Britten. En 1955 cet immense compositeur du XXème siècle partit au Japon pour y donner plusieurs concerts. Pendant son séjour il assista à une représentation du Théâtre Nô, Sumidagawa ou La rivière Sumida. Complétement fasciné il semblait à la fin de cette représentation, aux yeux de son compagnon Peter Pears, " Comme en transe", "Quoi? M'en aller? Je le voudrais que je ne le pourrais pas". Il demanda à la revoir. Dans une lettre ultérieure il dit avoir été fasciné. Fasciné par la lenteur rituelle, le style épuré, le formalisme accusé de l'utilisation du chœur purement masculin avec un ensemble musical se passant de chef d'orchestre. Fasciné par l'action simple et poignante tournant autour d'une mère à la recherche de son fils disparu. Fasciné par le final désespéré où la mère découvre sur l'autre rive du fleuve qu'elle vient de traverser, la tombe de son fils mort. Elle perd raison sans consolation ni rédemption possible. Obsédé par le thème de l'innocence blessée, Britten avait déjà composé Peter Grimes en 1945 et Billy Budd en 1951 et composera Mort à Venise en 1973. Il achète sur place des partitions de musique japonaise et se procure un enregistrement de la représentation de Sumidagawa. Terminé en 1957, cet opéra fut crée à Venise en 1964.Britten y avait conservé la philosophie du bouddhisme, respecté la parabole de la marche des pèlerins traversant le fleuve

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d'Ouest en Est. Il avait cependant transposé son récit dans la moyenâgeuse East Anglia et dans une transcendance finale et divine, guérissant la folie de la mère ayant retrouvé la tombe de son fils assassiné. Repris au Festival d'Aix en Provence de 1998 et mis en scène par le japonais Yoshi Oida, Curlew River fut un triomphe. Des décors et de la musique de cet opéra à la peinture de Françoise Bar-Filoche il n'y a qu'un pas...

 

 

Expositions

Paris. Galerie Artes. Novembre 2013
Le Touquet. Salon des Antiquaires et Art Contemporain. Palais des Congrès. 1 novembre 2014. Paris. Galerie des Femmes. Rue Jacob. Novembre 2014
Paris. Galerie Matières d'Art. Carreau du Temple. Janvier et février 2015.
Paris. Galerie Artes. Mai 2015

Site: valdesleal.wix.com@francoisebarfiloche 

 

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